Les
fidèles Britanniques ont eu droit à un énième camouflet de la part de leurs
« cousins » d’outre-Atlantique, cette fois-ci sous la forme d’une petite pique du porte-parole de la Maison
Blanche qui a
publiquement pris ses distances avec les autorités du Royaume-Uni. En
affirmant, sans rire, à propos de la destruction des disques
durs du journal Guardian contenant les fuites sur les
programmes de surveillance UK-US (Tempora/PRISM), qu’il « est
difficile d’imaginer un scénario dans lequel ce serait approprié ». On se
demande comment pourrait-on pousser plus loin l’humiliation (pour les
Britanniques) et l’hypocrisie (de la part des Etats-Unis). Résumons : les
Américains contribuent
au financement des activités
de surveillance UK, en
profitent à volonté, et taclent ensuite leur plus fiable serviteur au grand jour quand celui-ci essaie de sauver les meubles. Certes les autorités
britanniques accumulent bavure sur bavure. N’empêche qu’à l’origine de leurs
déboires il y a un effort UK-US collectif où Washington est le donneur d’ordre
et les Britanniques font des pieds et des mains pour être le plus parfait des
exécuteurs.
Pour eux, c’est devenu une seconde nature. Comme l’avait fait
remarquer Sir Rodric Braithwaite, ancien chef du Joint Intelligence Committee de sa Majesté, au sujet du Government Communications Headquarters, l'agence de renseignement électronique : « Les
États-Unis se débrouilleraient parfaitement bien sans l'apport du GCHQ. Le GCHQ, en
revanche, est fortement tributaire de ce qu’il reçoit de Washington et ne
vaudrait pas grand-chose sans lui ». Peut-être ont-ils encore en mémoire l’épisode
de la guerre des Malouines, où l’Amérique, dans un premier temps, n’avait pas
partagé avec Londres les renseignements collectés par ses satellites, sous
prétexte de mystérieux problèmes techniques. Lesquels furent résolus, comme par
un coup de baguette magique, après l’échec, en Argentine, des diplomates des
Etats-Unis. C’est bien ce sentiment de vulnérabilité, mêlé à un désir constant de
plaire, qui ressort des documents divulgués dans l’affaire PRISM. D’après les
journalistes qui les avaient consultés, ils seraient truffés de remarques traduisant
la préoccupation principale des officiers de renseignement britanniques :
sommes-nous assez utiles pour la NSA (l’Agence de sécurité nationale de l'Amérique) ? Pour
illustration, ce rapport budgétaire déclarant que la GCHQ va dépenser son
argent en fonction des demandes de la NSA et celles du gouvernement de Londres –
exactement dans cet ordre. Ou encore l’argumentaire d’un responsable de la
station d’écoute britannique au Chypre qui s’inquiète surtout que la situation de
sous-effectif ne compromette « nos engagements vers les Etats-Unis ».
Le séminaire gouvernemental « La France
dans dix ans » a été l’occasion de donner quelques
indications quant à la politique
économique que Paris voudrait voir mise en œuvre en Europe. D’abord un aveu
en forme de constat, de la part du Premier
ministre Ayrault : « Mais l'Europe a ensuite abandonné son
ambition. Son projet n'est plus lisible, n'est plus rassurant, n'est plus
convaincant. En 2005, il y a eu ce rejet au référendum sur la constitution de
l'Europe. Le projet européen qui protège, le projet européen qui permet aux
nations européennes de jouer leur rôle avec confiance dans la mondialisation
doit être repris et la France, pays fondateur, prendra ses responsabilités pour
de nouvelles initiatives ». Dont acte. Mais lesquelles ? Là-dessus, la
ministre Nicole Bricq devient
plus confuse. D’un côté elle répète en bon élève le credo à la mode : la
réussite du pays passe « par la compétitivité qui protège plus sûrement
que le repli et par l’ouverture acceptée et assumée », en y ajoutant quand
même que « limitée à cette ouverture l’Europe ne peut garantir que des
succès fragiles ». La solution ? « Une Europe ouverte, mais
d’autant plus, en contrepoint, fort et solidaire ». Certes. Mais pour
cela, il faudrait des partenaires. Or, la ministre est la première à admettre
que la plupart des Etats membres (et encore, elle ne parle pas de la
Commission) sont tenaillés par « un prurit idéologique » qui fait
d’eux des « adeptes de toujours ou convertis récents à une vision libérale
du monde ». C’est dans ce contexte qu’il faut mener, face aux Etats-Unis,
les négociations. Pour la France, les accords de libre-échange avec l'Amérique
« doivent se fixer des objectifs de régulation autant que d’ouverture
commerciale » et « doivent intégrer la dimension partenariale
affichée dans leurs intitulés ». Autrement dit, un tant soit peu de
réciprocité. Or, toujours selon la ministre « au sein de l’Union, nous
sommes peu à porter ce message… d’où la nécessité d’une France capable
d’entraîner ». On peut toujours rêver. Mais il vaudrait peut-être mieux
renouer avec ses capacités à résister.
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