Comme l'a dit Hervé
Morin, ministre de la défense en 2010: «L'A400M est un programme
emblématique sur lequel les Européens ne pouvaient pas renoncer ». En
effet, son arrivée signifie plus pour la « défense européenne » que
n'importe quelle déclaration pompeuse à l'issue d'une quelconque réunion au
sommet. Premièrement, parce que la nouvelle flotte d'avions de transport stratégique
(et tactique, l'A400M étant hautement polyvalent) va résorber ce qui fut
identifiée comme l'une des lacunes capacitaires majeures de l'Europe de la
défense, dès le lancement de celle-ci il y a déjà quinze ans.
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Source: EATC |
Deuxièmement, parce
que c’est un outil de notre autonomie. Les Américains ne s’y sont d’ailleurs
pas trompés quand ils avaient exercé de constantes pressions pour que l’Europe
y renonce. Avec succès dans le Portugal de Barroso et dans l’Italie de
Berlusconi mais, une fois n’est pas coutume, pas au Royaume-Uni. Surpris, l’ambassadeur
US à Londres s’est dit « profondément déçu » à l’annonce du choix britannique.
Et c’est clairement « dans un objectif de souveraineté » que
les Etats du programme ont finalement préféré un motoriste européen à l’américain
Pratt & Whitney.
Troisièmement, parce que la principale structure d'accueil des nouveaux avions, l'EATC (le Commandement de transport aérien européen) incarne la seule option viable pour la fameuse « mutualisation et partage » en Europe. L'EATC réalise notamment une mise en commun réelle, avec ses nombreux avantages, mais assorti d'un mécanisme dit de « red card » (carton rouge). Celui-ci permet à un Etat participant de reprendre le contrôle opérationnel de ses appareils à n'importe quel moment. Il s'agit donc de respecter le principe de la réversibilité en matière de partage de souveraineté. Ce qui est par ailleurs la seule manière légitime d'y procéder.
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