Politique étrangère et de défense de l’UE
Austérité:
25 millions d'Européens menacés de pauvreté. Pour rappel : cet excellent
papier de Sven Biscop sur le modèle social européen comme base de référence et
de légitimité pour la politique étrangère de l'UE. Si le sauvetage de l'euro se
fait de manière à fragiliser le contrat social qui lie les peuples à leurs gouvernements,
la crédibilité de l'Europe sur la scène internationale s'en trouve remise en
cause.
“The
core idea of EU foreign policy has a simple logic to it. Only where governments
guarantee their citizens security, prosperity, freedom, and equality (because
each citizen rightly feels entitled to security, prosperity and freedom in a
more or less equal way to his/her fellow citizens) can lasting peace and
stability exist – as within the EU. Where governments do not provide their
citizens with these core public goods, tensions will arise, instability and
repression will follow, and citizens will eventually revolt and regimes
implode, violently or peacefully”
“If
the Euro is saved in such a manner that the prosperity and equality of European
citizens are destroyed, the end result will be counterproductive for the
European project as such. For the internal social contract will be broken and
citizens will no longer feel committed to the Union and the governments that
did not respect it – in a Member State like Greece this might already be the
case. Great internal instability, possibly for years to come, will be the
result. Thus saving the Euro the wrong way will be as bad for the Union as not
saving it at all. It will be equally bad for the position of the EU as an
international actor. The strategic narrative of EU foreign policy cannot be
maintained once the internal social contract, on the promotion of which it is
based, is broken, for it will then no longer be credible, neither inside nor
outside the EU. The EU will have lost its “soft power”.”
“If
the EU does not manage to maintain its distinctive model of society, its
foreign policy will soon lose its distinctiveness as well, and Europe will
become one international actor among others, and a weak one at that. Europe
will simply no longer be Europe.” (Sven Biscop, Foreign
Policy and the Euro: We Have an Idea (Egmont Institute, Security Policy
Brief n°30, November 2011)
EU
US Defence Data 2011. "EDA has
compared the 2011 defence expenditure of its participating Member States with
that of the United States for the same year. The data show that the US spent
€503 billion on defence in 2011 compared to €193 billion spent in the EU:
around 2,5 times more."
Francophonie militaire
Francophonie
et profondeur stratégique. Très intéressante comme lecture! Ex. Brice
Poulot:« Aucune estimation officielle et
précise n’a jamais été établie, mais il n’est pas saugrenu de penser que pas
moins de 15 000 militaires sont formés chaque année, à des niveaux de
compétences très variés, sur tous les continents, au maniement du français, et
plus particulièrement du français langue militaire (FLMi) ». Les formations professionnelles militaires
« ont essentiellement lieu en anglais, même lorsque le formateur est un
locuteur francophone et que la formation se déroule sur un territoire de la
francophonie ».
« Partager sa langue, c’est en effet faire preuve de
confiance à l’endroit de ceux avec qui elle est partagée. Ce qui signifie que
former des alliés participe non seulement aux bonnes relations interarmées mais
aussi à celles entre les hommes sur le terrain, tout en renforçant
l’inter-communicabilité, d’une part, et les capacités d’interopérabilité,
d’autre part. Sa deuxième vertu est d’extraire un pays de la sphère d’influence
d’un voisin trop puissant : le Brésil favorise par exemple l’apprentissage du
français pour s’émanciper des États-Unis,
tout comme l’Autriche, membre de l’Organisation internationaIe de la
Francophonie (OIF) et acteur du FLMi, qui cherche ainsi à se démarquer de son
voisin allemand. »
« Il est ainsi intéressant de constater que le français
est davantage perçu par les militaires comme un vecteur de valeurs morales que comme une langue de travail, car
la majorité d’entre eux estime que l’anglais est suffisant pour leurs
activités. » « Il existe un lien réel entre la francophilie d’une armée
étrangère (ou du moins de son état-major) et la provenance de son matériel de
défense ». Au Chili « Thalès participe à la Journée de la Francophonie en
organisant conjointement avec l’ambassade de France une manifestation de
promotion du français au sein de l’École de langue des armées du Chili. »
« La gendarmerie
européenne a choisi l’anglais comme seule langue de travail alors qu’elle
est composée uniquement de pays de langue latine, et que le modèle gendarmique
constitue une spécificité organisationnelle par excellence des forces de police
issues historiquement de la tradition ou de l’influence francophone ». (Brice Poulot, Le français langue militaire, instrument
de la profondeur stratégique de la francophonie)
Syrie
Poutine
met en garde Obama avant la rencontre américano-russe à Genève. Peut-être
bien que le président Poutine ne
s’ennuie pas tellement après tout? “Il a l’air du garçon qui s’ennuie au fond
de la salle de cours” – il y a un mois c’est en ces termes pleins de finesse et
de respect diplomatique que le président Obama décrivait son homologue russe à
une conférence de presse. Eh bien, « le garçon » semble plutôt bien s’amuser
ces jours-ci. L’amateurisme de la
diplomatie US doit être une source de divertissement sans fin pour lui.
Dominique
de Villepin : «Le dossier syrien est un rendez-vous essentiel pour Hollande». Extraits de la vidéo : sur la Syrie « la diplomatie française n'est pas là où
l'on l'attend ». « Obama avance à reculons, et s'il le pouvait, il reviendrait
sur cette fameuse ligne rouge qu'il a très maladroitement fixée ». « La
tentation c'est l'alignement ». « La
négociation passe bien sûr par Moscou » et « là, la France doit être en
première ligne ». « J'attends de la diplomatie française qu'elle renverse la
table, et qu'elle fasse preuve d'audace ».
Congress to the
rescue in Syria?. De la plume de Andrew J Bacevich: "When it comes to actual military action, only France still
entertains the possibility of making common cause with the United States. Yet
the number of Americans taking assurance from this prospect approximates the
number who know that Bernard-Henri Levy isn't a celebrity chef."
"The
president also discovered that recruiting allies to join him in this venture
was proving a hard sell. It wasn't just the Arab League's refusal to give an
administration strike against Syria its seal of approval, although that was bad
enough. Jordan's King Abdullah, America's "closest ally in the Arab
world'', publicly announced that he favored talking to Syria rather than
bombing it. As for Iraq, that previous beneficiary of American liberation, its
government was refusing even to allow US forces access to its airspace. Ingrates!" (Asia Times, 9 septembre 2013).
Syrie:
Obama donne une chance à la diplomatie. Magnanime. Sans
partenaires-auxiliaires (sauf le cas absurde de la France, bien entendu, dont
l'absurdité n'en sera que plus flagrante après cette annonce), sans le soutien
de sa population trop lasse des manipulations, sans autorisation de l'ONU
(certes, c'est le cadet de ses soucis, de pair avec l'absence de preuves réelles),
sans même vraiment l'appui enthousiaste de son propre appareil militaire, sans
objectifs clairs et sans plans pour l'après-guerre. Le prix Nobel de la paix a
donc l'extrême obligeance de ne pas envoyer tout de suite ses missiles de
croisière.
«
Suprématie » américaine
Air
and Space Superiority : Freedom from Attack, Freedom to Attack. Toujours aussi émerveillée devant cette façon ingénue de
claironner sa prétendue supériorité. « A l’abri des attaques et libre
d’attaquer » : la devise de US Air Force témoigne d’un sentiment
d’invulnérabilité, pour ne pas dire d’impunité. Réussir à y joindre quand même
le spectre d’une éventuelle perte de cette supposée prééminence absolue (à moins
d’investir massivement dans les nouvelles technologies, et dans les avions de
chasse de « cinquième génération », bien sûr) – c’est du grand art, impossible
à imiter.
Tour d’horizon
Lecture d’Hubert Védrine,
ancien ministre des Affaires étrangères:«
À mon sens si les occidentaux réagissent à nouveau de façon brutale et
schématique à la perte de leur monopole de puissance, s’ils s’enferment dans
une crispation «occidentaliste» manichéenne, anti-chinoise et anti-islam, se
privant ainsi de toutes les ressources de l’intelligence stratégique et
tactique, et de la Realpolitik, cela ne marchera pas et accélérera même leur
déclin. Même chose pour l’irénisme des Européens, spectateurs interloqués de
leur marginalisation ».
« En revanche une politique lucide qui ne nie pas la
redistribution de la puissance en cours, qui ne panique pas, mais n’abdique pas
non plus, ne se réfugie pas dans des chimères (communauté internationale,
libéralisme absolu, gouvernement mondial) mais défend au mieux les intérêts
occidentaux en tirant intelligemment parti des divergences entre émergents pourrait
préserver durablement un leadership relatif des États-Unis, qui resteraient
alors le « hub « du monde, plus acceptable que tout autre. » Le terme
hyperpuissance « n’est évidemment plus
d’actualité ». « Le leadership américain peut se perpétuer encore assez
longtemps, mais il sera devenu relatif ».
« La crise financière, c’est-à-dire l’éclatement en 2008
de l’économie américano globalisée financièrement dérégulée, devenue un casino,
a accéléré la montée des émergents qui étant moins ‘modernes’, étaient moins intégrés dans ce
système à haut risque, et ont donc été de ce fait paradoxalement protégés
(comme les Japonais, qui disent que la barrière de la langue les a protégés…).
L’Europe, au contraire, en a subi d’autant plus le contrecoup que son système
bancaire était très imbriqué dans ce système de créances toxiques, et que ses
États membres étaient par ailleurs surendettés, sans pour autant bénéficier de
l’impunité monétaire des Etats-Unis, encore plus endettés qu’elle ».
« Depuis le début des années 1990 elle [la France] a dû
repenser sa fameuse politique étrangère gaullo-mitterrandienne – ‘Ami, alliée
des États-Unis, mais pas alignée’ - parfaitement adaptée pendant 35 ans à la
Guerre froide et au monde bipolaire, dans un monde de plus en plus multipolaire
et instable. Elle a été tentée par diverses options : une option européiste
(tout miser sur l’Europe, s’en remettre à elle), une tentation occidentaliste
(l’Occident est menacé, abandonnons notre spécificité, serrons les rangs et
endossons l’agenda néo-con), une tentation « droit de l’hommiste « (imposer la
démocratie au monde entier) et, quand même, le maintien, plus ou moins assumé,
plus ou moins bien expliqué, d’une politique étrangère française harmonisée
avec ses alliées ou partenaires, et tenant compte, sans naïveté, du poids des
émergents ».(Que reste-t-il de
l’hyperpuissance ?, entretien avec Hubert Védrine, réalisé par Pascal
Lorot, Revue Géoéconomie, août-septembre-octobre 2013.)
Autonomie stratégique
Le ministre de laDéfense précise la notion d’autonomie stratégique. Interrogations pertinentes
sur les entourloupes verbales à la mode qui videraient l’autonomie stratégique
de son sens. (Zone militaire, www.opex360.com, 11 septembre 2013)
Joint
Strike Fighter
Disarmament
by F-35?. Giovanni De Briganti: "If
current, short-sighted policies continue, these governments – whether in
Canada, Italy, the Netherlands, Norway or other countries – will wake up one
day and realize they have forsaken their entire military capabilities to pay
for a squadron or two of F-35s they cannot afford to fly." (Giovanni
De Briganti, Op-Ed: Disarmament by F-35?, Defense-Aerospace.com, 6 septembre
2013).
No comments:
Post a Comment