L’intensification et le focus européen du programme
d’exercices de l’Alliance confirment ce que les conseillers OTAN répètent
depuis déjà un bon bout de temps : il faut renouer avec les grands exercices
annuels de la guerre froide, pour recréer une sorte de « Reforger Lite »*. C’est
bon pour le moral et bon pour les armes. D'une part, en rassurant les nouveaux
Etats membres, inquiets de voir l’Amérique 'pivoter' vers l’Asie, que le
soi-disant parapluie est toujours en place. De l’autre, en faisant avancer la
sacro-sainte interopérabilité, entendue comme alignement, autant que faire se
peut, des concepts européens sur les doctrines et standards US guidés par
l’obsession de la guerre technologique.
Cerise sur le
gâteau, sous couvert de l’Article 5, c’est encore à notre précieux rôle de
supplétifs pour les guerres de l’Amérique, que nous nous entraînerons mine de
rien. L’idée de génie vient du SACEUR du début des années 1990, le général
Galvin. A l’époque la consigne était « out of area or out of business » pour
faire comprendre aux Européens réticents: ou vous acceptez que l’OTAN aille
chercher l’aventure ailleurs ou nous laissons tomber nos engagements.
Heureusement que le général Galvin pense à se servir du fait que les capacités
pour remplir les obligations de défense collective (avec d’éventuelles
projections de force en Norvège ou en Turquie par exemple) sont pratiquement
les mêmes que celles dont auraient besoin les alliés pour participer aux opérations
lointaines. Et voilà que, du coup, tout le monde peut être content.
*Reforger (Return Forces to Germany): exercices annuels de l'OTAN de 1969 à 1993, pour s'assurer, et faire la démonstration, de la capacité de l'Alliance à déployer plus d'une centaine de milliers d'hommes pour défendre l'Allemagne de l'Ouest en cas de conflit avec le Pacte de Varsovie.
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