En quoi la posture
antinucléaire du SNP (Scottish National Party) devrait-elle constituer un problème
pour une Ecosse indépendante mais soucieuse de garder sa carte de membre à
l’OTAN ?* En pas grand-chose, pour faire bref. Le fait d’exiger le retrait
des armes nucléaires UK de son territoire et de se proclamer Etat
non nucléaire n’est pas a priori en contradiction avec le statut de membre de l’OTAN. Pour rappel : à présent 20 pays membres sur les 28 ne
possèdent ni n’hébergent d’armes atomiques sur leur sol.
Par ailleurs, la
distinction (entre possession et hébergement) a tout lieu d’être. Alors que seuls trois pays membres sont des puissances nucléaires reconnues comme telles (les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni), cinq autres (l’Italie, l’Allemagne, la Turquie, les Pays-Bas et la
Belgique) laissent stationner sur leur territoire des armes nucléaires américaines
(quoique de manière de plus en plus controversée, certes).
![]() |
(crédit: www.cagle.com) |
Par contre, faire
partie de l’OTAN implique mécaniquement de participer au soi-disant partage
nucléaire au sein de l’Alliance. Lequel est censé faire croire que la politique
nucléaire de l’OTAN est un travail d’équipe. Dans cet esprit, les Etats
membres non nucléaires deviennent eux-mêmes mouillés à plus d’un titre : à
travers les concepts et les exercices, ils sont priés de contribuer, par le
biais de leurs capacités conventionnelles (comme le ravitaillement en vol par
exemple), au bon déroulement des éventuelles opérations nucléaires de
l’Alliance.
En réalité, ce
n’est qu’une mascarade. Malgré toutes les structures et procédures qui y sont
consacrées pour entretenir l’illusion, la pratique du « partage »
nucléaire de l’OTAN reste soumise, in fine, au bon-vouloir de Washington.
Autrement dit, à l’humeur du jour dans la capitale des Etats-Unis. Inutile de
préciser que la crédibilité de tels arrangements est nulle. Les Etats membres
mouillés deviennent effectivement complices de la politique nucléaire de l’Amérique,
mais sans avoir le moindre droit (à la consultation, à l’influence) garanti.
Pour illustration, cet
incident survenu en 1973 avec, comme figurant principal, le Premier
ministre britannique Edward Heath. Imaginons la scène. Le chef du gouvernement du Royaume-Uni débat tranquillement
à la Chambre des Communes lorsqu’il apprend, par la voie d’une dépêche d’agence
de presse, que son grand allié US vient de déclarer l’alerte nucléaire globale.
C’est la douche froide. Loin d’avoir été consulté auparavant, le fidèle britannique
n’a même pas été informé correctement.
Tous les
arrangements et discours sur le « partage » dans l’OTAN n’ont donc été que
des usines à gaz et des paroles en l’air. L’Amérique n’en faisait, en n’en
fera, qu’à sa tête. S’agissant de ses bombes à elle, c’est d’ailleurs le
minimum qu’elle doit à ses propres citoyens.
*Les Ecossais seront appelés aux
urnes pour décider de leur séparation (ou pas) du "rUK" (reste du
Royaume-Uni) lors d'un « référendum sur l'indépendance » le 18
septembre 2014. Dans cette perspective, le SNP avait changé sa position
traditionnelle anti-OTAN lors de son Congrès en octobre 2012 (avec une courte
majorité de 394 contre 365 votes des délégués), et propose maintenant qu'une
Ecosse indépendante reste dans l'Alliance.
No comments:
Post a Comment