« L’Europe, ce n’est pas un territoire, pas une
nationalité, c’est une volonté.
Est européen seulement celui qui entend être
européen. »
(Jean-François
Deniau)
La dénommée Politique commune de sécurité et
de défense (PSDC) de l’Union européenne célèbre son quinzième anniversaire
dans un état d’hibernation profonde, pour reprendre l’expression de l’amiral
Guillaud, ancien chef d’état-major des armées. Autrefois le centre de toutes
les attentions, le gagnant de tous les concours de popularité, considérée comme
à la fois le symbole des ambitions stratégiques de l’Union et le dépositaire de
son potentiel énorme, la PSDC est devenue ces dernières années le parent pauvre
de la construction européenne. Celui qui met ses
faiblesses cruellement en lumière, en même temps qu’il ne ferait que
détourner l’attention (et les ressources) de ce qu'il convient d’appeler les
« vrais problèmes ».
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(crédit: Quai d'Orsay) |
Ce serait trop facile de faire porter le
chapeau à la crise financière et économique pour cette tombée en disgrâce de la
PSDC. Surtout, ce serait faux. D’une part, le détournement de la politique de
défense de l’UE de son trajet initial avait commencé bien avant l’éclatement de
la crise. De l’autre, si ce n’était pour ce même détournement, la PSDC aurait
tout pour devenir une partie de la solution aux difficultés actuelles de la
construction européenne dans son ensemble. Et une partie cruciale, de surcroît.
Une vision stratégique partagée, étayée par des initiatives réelles en matière
de défense serait à même de donner à l’Union un formidable élan, à la fois
psychologiquement et économiquement.
Le soi-disant « sommet Défense » de l’UE, prévu pour les 19-20 décembre prochain est supposé marquer le point de départ d’une sorte de résurrection de l’Europe de la défense. Ce qui serait fort souhaitable, mais pas n’importe comment. En effet, si c’est pour la relancer sur la piste détournée qu’elle poursuivait avant de tomber dans le coma artificiel, ce n'est pas la peine. Même l’hibernation est une bien meilleure solution et, surtout, moins néfaste. Sans un retour radical aux fondements, la prétendue défense européenne ne pourrait jamais espérer de la devenir réellement un jour, à savoir ayant une dimension véritablement défense et véritablement européenne. Elle ne ferait qu’enlever définitivement l’option à nos Etats de suivre ces deux impératifs au moins à l’échelle nationale.
(Sur la base du papier: Hajnalka Vincze,
Pente glissante: vers la réatlantisation de la défense européenne, The Federalist n°2-3, 2013)
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