L’agenda
du Secrétaire américain à la défense ne laisse aucun doute : les
Etats-Unis sont prêts à employer les grands moyens pour courtiser leurs alliés
polonais, l’un des rares pays européens à augmenter leurs efforts de défense
dans le contexte actuel. En effet, le « Plan de modernisation technique
des Forces Armées de la République polonaise pour les années 2013-2022 »
est un appât bien tentant.
Il
prévoit environ 25 milliards d’euros pour les neuf prochaines années, à dépenser
via des contrats sonnants et trébuchants. L’américain Chuck Hagel est donc sur
place, bien conscient des enjeux. Ceux-là mêmes que le ministre français
délégué aux affaires européennes a récemment résumés en disant que « le choix qu’elle [la Pologne] opérera
entre l’industrie française, européenne ou américaine, conditionnera grandement
l’avenir de la PSDC [la politique européenne de défense] ». Rien que ça.
Pour
rappel : ultra-atlantiste par tradition, Varsovie n’en avait pas moins
éprouvé une série de déceptions (Irak, Afghanistan, défense antimissile, pivot US)
au cours de ces dernières années, qui l’encouragent à regarder avec plus
d’intérêt les efforts de défense européenne. Au point de finir par militer en faveur
de la mise en place d’un réel quartier général opérationnel de l’UE (véritable
chiffon rouge pour les Britanniques, s’il en est). De même que plaider pour
l’utilisation de l’Eurocorps en tant que force d’intervention européenne (la
Pologne, aujourd’hui membre associé, y deviendra nation-cadre au même titre que
la France, l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et l’Espagne, à partir du janvier
2016).
Le
ministre polonais des affaires étrangères parle même d’« Europe-puissance », une Europe qui doit se doter des moyens
pour se faire entendre dans le monde. Hourra. Reste, bien sûr, le casse-tête des
contrats… Là, pas de place au romantisme : d'après l’ambassadeur
de la Pologne à Paris « la question cruciale
porte sur les transferts de technologies et la ‘polonisation’ de la production »,
afin de « consolider la base
industrielle polonaise de défense ». Normal. Sauf qu’il faudra un moment
décider si c’est en se verrouillant dans une position de sous-traitance par rapport
aux groupes US ou dans la perspective d’une coopération européenne indépendante
des Etats-Unis que les Polonais envisagent de consolider leur « base »
nationale.
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