« Que
l’UE aille se faire foutre », c’est donc l’opinion lapidaire de la secrétaire d’État américaine adjointe chargée de l'Europe, Mme
Victoria Nuland, sur
« l'indispensable partenaire » des Etats-Unis. Inutile de s’y attarder davantage, les propos divulgués sont suffisamment savoureux en eux-mêmes. En revanche, impossible de ne pas faire le lien entre cet incident et ce que Mme Nuland représente dans la phase actuelle de l’Europe
de la défense.
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(Crédit: Département d'Etat US) |
C’était en février 2008, Mme Nuland, alors
ambassadeur des Etats-Unis à l’OTAN, a prononcé deux discours très
remarqués, l’un
à Londres, l'autre
à Paris. A l’époque, son intervention fut unanimement saluée comme le signe
d’un revirement de la position US, dans le sens d’un réel soutien en faveur d’une
véritable défense européenne. Nul besoin de préciser qu’en réalité, il n’en était rien.
N’empêche. Ses discours sont restés dans les
annales comme le point de départ d’une nouvelle ère pour l’Europe de la défense.
Où les Etats-Unis ne mettraient plus des bâtons dans les roues des
Européens, mais, au contraire, les encourageraient sérieusement à mieux se
prendre en main. Enfin. Sauf que c’était du vent. Primo, les propos de Mme
Nuland ne se sont pas tellement écartés de la ligne traditionnelle de
Washington en matière d’Europe de la défense.
L’Amérique fut bel et bien prête à soutenir le développement de « capacités européennes
plus fortes et plus efficaces », dans la mesure où celles-ci lui seraient utiles.
Mais sans céder un iota de son contrôle et de ses leviers d'influence effectifs. Secundo,
si l’habillage a pu changer et la crispation US semblait diminuer sur la défense européenne, c’est parce que cette dernière avait
déjà déviée de son trajectoire initiale, et s’est révélée être, du point de
vue du maintien de l’emprise US, totalement inoffensive.
D’où le « virage pro-UE » de la
position américaine, relayée à l’époque par Mme Nuland en premier. L’administration
Obama, arrivée au pouvoir peu de temps après, n'eut qu'à reprendre la même rhétorique.
Au plus grand bonheur des dirigeants européens qui font mine d’y croire (ou y croient
vraiment ; ce qui est sans doute encore pire). Et brusquement, la
voilà, Mme Nuland, avec son « F…ck
the EU » retentissant. Contexte ukrainien ou pas, difficile d’imaginer un démenti plus éloquent.
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