Au vu de l’OTAN revivifiée, sous prétexte d’un nouveau « clear and present » danger, la question se pose inévitablement: le président Poutine se serait-il tiré une balle dans le pied ? Certainement
pas. Quoi que l'on puisse penser du reste, il est difficile
de croire que le pouvoir russe n’ait pas prévu la réaction de l’Alliance. C’était
plus que prévisible – c’était évident. Pourquoi Moscou a donc pris le risque d’aller de l’avant avec un plan qui promettait, dès le départ, non seulement d'antagoniser mais aussi de ressouder l’Occident ?
La réponse est
simple. C’est parce que l’Occident fut déjà sur cette même piste
avant la crise en Ukraine. Le détricotage
de la défense européenne, les négociations de libre-échange transatlantique
(TTIP),
la revalorisation de l’article
5, la crispation
atlantiste des Européens à la suite du « pivot » US,
de même que leur empressement à se
placer sous tutelle pour cause de coupes budgétaires, étaient autant de pas
vers l’objectif ultime, « une
communauté transatlantique véritablement intégrée », pour reprendre
les mots du Secrétaire général de l’Alliance. Ce n’était plus qu’une
question de temps.
Dans ce contexte, la
Russie n’avait pas beaucoup à perdre. Elle, qui avait suivi avec sympathie le
lancement de la défense européenne à l’époque (vu comme signe
d’émancipation des Européens par rapport au dogme du tout-OTAN), elle a fini par
admettre qu’il était désormais sans objet de considérer l’UE et l’OTAN
séparément. L’Europe comme partenaire stratégique potentiel a cessé d’exister à
force de s'enfermer dans sa soi-disant « complémentarité » avec les USA/l’Alliance. Par conséquent, la crise en Ukraine n'a pas déclenché une sorte de réaffirmation du soi-disant Occident; elle n'a fait qu'accélérer (et rendre beaucoup plus visible) un mouvement engagé depuis un bon bout de temps.
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