Certes, c'est le
temps des propos
grandiloquents sur l’unité de l’Occident. Certes, c’est aussi le temps des gestes
rassurants entre membres de l’OTAN. Mais plus la crise ukrainienne dure,
plus les alliés doivent se rendre compte que leur détermination n’est que du
spectacle, au fond. Après avoir poussé ses amis européens vers la radicalisation et encouragé
l’escalade, le président Obama a clairement
fait savoir qu’il n’avait d’ailleurs nullement l’intention de faire
intervenir ses soldats. Ce qui est fort sage. Mais laisse quand même la porte
ouverte à une (très hypothétique) « pire des scénarii », dans lequel les
Européens se retrouveraient seuls face à une Russie provoquée
à outrance par les Etats-Unis.
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(Crédit photo: OTAN) |
Bien entendu,
l’article 5 de l’Alliance est censé nous rassurer sur ce point. Si jamais nous
étions attaqués par Moscou, l’Amérique courrait automatiquement à notre
rescousse. Sauf que ce n’est pas plus crédible aujourd’hui que ça ne l’était au
temps de la guerre froide. Or à l’époque les Européens étaient bien conscients
des incertitudes de l’engagement US. Ce n’est pas pour rien qu’ils tenaient à
héberger des centaines de milliers de soldats américains – des « otages » de
l’article 5. Aujourd’hui, l’Amérique étant préoccupée par l’Asie et rongée par
ses déficits, sa capacité d’entrer dans ce genre de jeu aura forcément ses
limites. D’où l’agacement
des alliés de l’Est qui réclament, en vain, l’envoi et le stationnement
permanent de nouvelles unités américaines.
Ajoutons-y la mise
en évidence de désaccords profonds entre les membres européens de l’Alliance
élargie. Que ce soit dans le domaine de l’armement ou dans celui de l’énergie.
Pour l’exemple : les pays baltes (et l’Amérique) souhaitent voir la France (et
d’autres) renoncer à la
vente d’armements à la Russie, alors que la Pologne (et l’Amérique)
reprochent à Berlin sa dépendance
énergétique. Derrière la rhétorique enflammée et les démonstrations de
fermeté, « l’Occident » est donc loin d’être tout à fait uni sous sa
flamboyante bannière transatlantique. Mais ils font tous des pieds et des mains
pour faire comme si. Pour la simple et bonne raison que les Européens n’ont
pas, pour l’heure, de plan
B crédible.
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