Manifestement,
toute occasion est bonne à prendre, pour les opposants (nombreux et fervents) de
la vente des navires
Mistral à la Russie par la France. Aujourd’hui, ils surfent sur l’émotion
provoquée par la tragédie de l’avion
de ligne malaisien abattu en Ukraine de l’Est. Cette récupération était à
attendre. Comme
l’avait prédit l’ambassadeur de la France auprès de l’OTAN : « La décision finale [sur les
Mistral] doit intervenir en octobre, la
pression va s'accroître d'ici là et dépendre, bien entendu, de la situation sur
le terrain ». Il n’y a là rien de surprenant. On essaie toujours de tirer
profit au maximum des événements d’actualité pour influencer, voire changer au
dernier moment, des décisions d’armement.
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(Crédit photo: Ministère de la défense) |
Pour rappel : au lendemain des attentats
terroristes du 11 septembre 2001, des diplomates US en Europe centrale n’ont
pas hésité à en tirer argument pour convaincre leurs interlocuteurs de revenir
sur le choix, pourtant déjà fait, en faveur d’un concurrent du F-16… Soi-disant
compte tenu du nouvel environnement.
C’est de bonne guerre (quoique d’un goût fort
discutable), on dirait. Toujours est-il que les contrats d’armement sont un
engagement de plusieurs décennies, ce qui devrait normalement primer sur les
émotions de tel ou tel moment. De nos jours, hélas, c’est de moins en moins évident. D’après Hubert Védrine,
ancien ministre des Affaires étrangères, les diplomaties « ont de plus en plus de mal à travailler méthodiquement et
efficacement, dans la durée, au service d’objectifs clairement définis. Plus
que jamais elles sont soumises aux soubresauts de politique intérieure,
amplifiés par l’âge médiatique, par la tyrannie de l’émotion et du court terme.
(…) D’où la recherche par de nombreux hommes et femmes politiques de postures,
d’effets immédiats et visibles, en phase avec les émotions intenses générées et
entretenues par le «tout-image» dans un bouillonnement permanent d’inquiétude,
d’indignation, d’impatience. »
Dans ce contexte, vouloir faire la part des
choses (en insistant, comme la diplomatie française tente de le faire
maintenant, sur une séparation entre les discussions sur le drame de l’avion
malaisien et l’affaire du contrat Mistral) relève déjà d’un véritable exploit. Même
si cela ne se fait que sur la défensive et avec des arguments de comptable.
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