Les aspects divers et
variés de l’euroscepticisme britannique sont le sujet d’un livre qui vient de sortir outre-Manche. D'éminents spécialistes de l’histoire,
de la politique intérieure, de la culture, de la géopolitique et des média au
Royaume-Uni y décryptent les tenants et les aboutissants de l’attitude britannique
vis-à-vis de la construction européenne. J’ai eu le plaisir d’y contribuer avec
un chapitre sur la dimension transatlantique dudit euroscepticisme.
Dans les semaines qui
viennent je vais avoir l’occasion de traiter le sujet sous l’angle de l’actualité,
y compris l’affaire des soldats britanniques « incorporés », à l’insu
du Parlement, dans les forces US engagées en Syrie, les dernières
mises en garde washingtoniennes à l’adresse du Royaume-Uni, et l’élection de
Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste.
D’ici là, veuillez
trouver ci-dessous deux passages de l’intervention qui a
servi de base au chapitre sur le rôle de la « relation spéciale »
dans l’euroscepticisme britannique.
« La dynamique
des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne ne peut être
appréhendée dans sa totalité et dans sa spécificité sans prendre en compte le
rôle déterminant qu’y jouent les Etats-Unis, à travers notamment les relations
que Londres voudrait croire « spéciales ». Que ce soit de manière directe,
indirecte, voire parfois paradoxale, le tropisme américain/atlantiste de
l’establishment politico-médiatique britannique est en arrière-fond d’une bonne
partie de leurs positions considérées comme sceptiques, ou même carrément
hostiles envers de la construction européenne. »
« Cette attitude
paradoxale britannique qui fait cohabiter un attachement très marqué à la
souveraineté nationale lorsqu’il s’agit d’Europe, mais l’abdique sans états
d’âme particuliers vis-à-vis de l’Amérique, a conduit, au fil des années, à une
situation d'auto-enfermement. Il est tout à fait évident que Londres
n’échangerait pas sa position de partenaire junior
des Etats-Unis pour se retrouver en seconde division en Europe. Or les atouts
britanniques disponibles pour une coopération réellement européenne (sans
dépendance aucune par rapport à l’outre-Atlantique) sont à ce point érodés,
voire dans certains domaines clés d'ores et déjà inexistants, que la France
devrait faire de sérieuses concessions pour accorder au Royaume-Uni un rôle d’égal,
au premier rang. »
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